Le sel de la vie

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Debout devant la fenêtre de la bibliothèque, je regarde passer la saleuse dans ma petite rue. Je tourne la tête, et je vois celui-ci sur le fauteuil vert…

Je l’ouvre page 68 :

…parler pour quelqu’un dont on a choisi le visage parmi les auditeurs, s’inquiéter mortellement des regards prolongés de ceux qu’on aime, retrousser ses manches au sens propre comme au figuré, attraper un ballon au vol, mirer des œufs, éplucher des châtaignes, savourer des généalogies familiales compliquées et se souvenir de celles des autres presque aussi bien que de la sienne, aimer les grandes marionnettes, raffoler du jazz West Coast et de Bix Beiderbecke, « le jeune homme à la trompette », se perdre dans les hautes églises blanches aux profondes enfilades et dotées de lourdes portes en bois de Saenredam, être saisi devant la pâte épaisse des iris violets de Van Gogh, avoir dîné chez Troisgros à Roanne du temps où ils étaient trois, manger du réglisse, de la bouillie de petit mil à la sauce aux feuilles fraîches de baobab, trouver une coquille à la quatrième lecture, lire des récits de tourmente de neige, s’asseoir sans rien faire les mains pendantes et les yeux dans le vague…

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Le Sel de la vie. Françoise Héritier.
Éditions Odile Jacob. 2012.
Chez l’éditeur

 

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