Milieu de la bibliothèque, littérature classique. Avec une préface, dépressive – de Cioran.
Page 71, donc:
C’est un point qu’il serait aisé de prouver, puisque la ruine de l’Italie ne vient aujourd’hui que de la confiance qu’elle a mise dans des troupes mercenaires, qui d’abord rendirent quelques services, mais qui donnèrent la mesure de leur bravoure dès que les étraners parurent. Ainsi Charles, roi de France, se rendit-il maître de l’Italie avec un peu de craie, et ceux qui disaient que nos péchés en étaient la cause, disaient vrai ; mais ce n’étaient pas les fautes qu’ils croyaient, mais bien celles dont j’ai déjà parlé, fautes de princes, expiées par des princes.
Pour jeter un nouveau jour sur cette matière, j’observe qu’on peut se fier aux chefs de ces troupes, qu’ils soient bons ou mauvais officiers ; dans le premier cas, parce qu’ils ne croient pouvoir s’élever qu’en opprimant le Prince qui les emploie, ou en opprimant les autres contre son vœu ; dans le second, parce qu’ils ne peuvent que hâter la ruine de l’État qu’ils servent si mal.
Le Prince. Machiavel.
Éditions Delmas. 1954.
En livre audio