Cave, caisse de livres de d’enfant. Sans doute mon fonds personnel, avec une liste de lecture notée au crayon sur la page de garde : Les chevaliers de la table ronde, La dame du Lac, Le dernier des Mohicans…
J’ouvre page 94 :
J’en reviens donc à ce que je pensais, d’autant mieux qu’hier, au coucher du soleil, comme j’arrangeais la plate bande où je dois planter votre cayeu, je vis une ombre qui, par la porte entr’ouverte, se glissait à travers les sureaux , et les trembles. Je n’eus pas l’air de regarder, c’était notre homme. Il se cacha, me vit remuer la terre, et certes c’était bien moi qu’il avait suivie , c’était bien moi qu’il épiait. Je ne donnai pas un coup de râteau, je ne touchai pas un atome de terre qu’il ne s’en rendit compte.
— Oh ! oui, oui, c’est un amoureux, dit Cornélius. Est-il jeune, est-il beau ? Et il regarda avidement Rosa, attendant impatiemment sa réponse.
— Jeune, beau ? s’écria Rosa éclatant de rire. Il est hideux de visage, il a le corps voûté, il approche de cinquante ans, et n’ose me regarder en face ni parler haut.
— Et il s’appelle ?
— Jacob Gisels.

La tulipe noire. Alexandre Dumas.
S.A.M. Éditions Vedette, Collection Bleuet n° 40, 1955
On le trouve ici