L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique

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Propos divers sur l’art. Contre le mur de l’escalier.

J’ouvre page 34 :

Pendant des siècles, un petit nombre d’écrivains se trouvaient confrontés à plusieurs milliers de lecteurs. Cette situation a commencé à changer à la fin du siècle dernier. Avec l’extension de la presse, qui n’a cessé de mettre à la disposition du public de nouveaux organes, politiques, religieux, scientifiques, professionnels, locaux, on vit un nombre croissant de lecteurs passer — d’abord de façon occasionnelle — du côté des écrivains. La chose commença lorsque les journaux ouvrirent leurs colonnes à un « Courrier des lecteurs », et il n’existe aujourd’hui guère d’Européen qui, tant qu’il garde sa place dans le processus de travail, ne soit assuré en principe de pouvoir trouver, quand il le veut, une tribune pour raconter son expérience professionnelle, pour exposer ses doléances, pour publier un reportage ou un autre texte du même genre. Entre l’auteur et le public, la différence est en voie, par conséquent, de devenir de moins en moins fondamentale. Elle n’est plus que fonctionnelle et peut varier d’un cas à l’autre. À tout moment, le lecteur est prêt à devenir écrivain.
[…]

L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique. Walter Benjamin. Traduit de l’allemand par Maurice de Gandillac, révision de Rainer Rochlitz.
Éditions Gallimard; Folioplus philosophie. 2008
Chez l’éditeur

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