Petits livres reliés à l’ancienne, dans un carton de la cave.
J’ouvre page 147 :
Chemisette et tricot ? Non, le pull-over. La nuit sera peut-être fraîche, et puis il est sombre ; en ce moment les chats ont intérêt à être gris la nuit. Dix heures moins le quart. Tant pis ; Christian ne peut plus tenir, il marche lentement. Son père est allé se coucher, sa mère ? Non, elle est toujours là. Elle range la vaisselle. Christian met les mains dans les poches et se dirige vers la porte, très dégagé!
— Christian, où vas-tu ?
Patatras ! Il avait déjà la main sur la poignée.
— Eh! je vais faire un petit tour. Prendre le frais une demi-heure, avant d’aller dormir.
— Christian, tu vas rester ici. Tu n’as qu’à prendre le frais à la fenêtre !
Elle se met entre lui et la porte :
— Voyons, Man, j’ai quand même le droit d’aller faire les cent pas sur le quai, devant la maison ?
Elle croise les bras, le fixe dans les yeux.
— Christian, tu me prends pour une imbécile ?

La dernière cartouche. Jean-Pierre Chabrol.
Éditeurs français réunis – Les amis du livre progressiste. 1953.
Le roman dans son époque