Une vieille anglaise au grenier.
J’ouvre page 53 :
— Et c’est bien vrai, s’écria Elsie. Il faut que je m’occupe des petits — ils sont avec la cuisinière pour le moment — et aussi de ce pauvre Mr Symington, qui en a besoin autant que n’importe qui, il faut que je veille en outre à un tas de choses… De sorte que je n’ai guère de temps à consacrer à Megan. Je crois qu’elle est en haut, au dernier étage, dans la vieille chambre d’enfants. Elle a l’air de fuir tout le monde. Je ne sais si…
Je n’entendis pas la suite. Joanna m’avait fait, de l’œil, un signe quasi imperceptible, et j’étais discrètement sorti de la pièce. Je montai l’escalier et, tout en haut, je trouvai la porte de la vieille nursery. Je la poussai. Dans la salle à manger, comme les fenêtres ouvraient sur le jardin, les stores n’étaient pas baissés. Il n’en était pas de même ici, où elles donnaient sur la route, et la pièce était plongée dans une demi-obscurité. J’aperçus Megan, tapie dans le coin d’un divan. Elle semblait paralysée par la peur.Elle me fit songer à un animal terrifié, blotti au fond d’une retraite qu’il sait précaire.
— Megan, dis-je doucement.

La plume empoisonnée. Agatha Christie. Traduit de l’anglais par Louis Postif.
Édito-service.
Toute l’histoire…