Ne pas oublier les œuvres en plusieurs volumes à la cave.
J’ouvre page 117 :
Pour la comprendre, il faut se rappeler qu’elle naquit de la discorde même. Orléans, marié malgré lui, l’eut d’une femme où il voyait son tyran, son espion. La petite entendit Madame, sa grand-mère, parler outrageusement de la bâtarde. Elle fut élevée, dirigée, par une ennemie de sa mère, une ex-maîtresse d’Orléans, la fille de sa nourrice, une De Vienne, femme de chambre perverse, et qui la fit à son image. Elle fut très précoce, en contraste parfait avec sa taciturne mère, tout en dehors, parlante, amusante, dans ses caprices passionnés. Orléans, avec ses roués, ses maîtresses payées, était réellement seul. De plus en plus, il fut pris par l’enfant. Il ne la quittait guère. À peine grandelette, elle le tenait à sa toilette les matinées entières. Elle se fit son camarade, en tout. Le soir il buvait; elle but. Dans la demi-ivresse et l’effréné babil qu’elle donne, elle l’imitait, le dépassait en risées de l’Église et de la vieille cour, et de sa mère surtout.

Histoire de France, tome XVI. Jules Michelet.
Éditions Boutan-Marquin, 1961.
Un article universitaire à propos de l’opinion qu’avait le Duc de Saint-Simon de Madame la Duchesse de Berry